Après le climat et la fin de vie, une troisième convention citoyenne verra le jour à partir du mois de juin 2025. Cette fois, elle portera sur un sujet au cœur des préoccupations familiales et éducatives : « les temps de l’enfant ». Confirmée par Emmanuel Macron dans une interview au Parisien, cette initiative vise à repenser l’organisation des journées scolaires pour les enfants de 3 à 18 ans.
Repenser le quotidien des élèves
« Il me paraît nécessaire que l’on travaille à faire en sorte que l’organisation des journées de nos élèves soit plus favorable à leur développement et aux apprentissages », a déclaré le président de la République. Sous l’égide du Conseil économique, social et environnemental (Cese), cette convention citoyenne aura pour mission d’examiner plusieurs aspects du temps scolaire, tels que l’heure de début des cours, la durée de la journée, le rythme des vacances, ou encore une éventuelle organisation « à l’allemande » (cours le matin, activités l’après-midi).
Contrairement aux débats précédents sur la semaine de 4 ou 4,5 jours, l’Élysée affirme ne pas vouloir se focaliser sur cette question. Pourtant, celle-ci pourrait bien ressurgir, tant elle reste un point de tension entre parents, enseignants, collectivités locales et décideurs politiques.
Un retour sur des réformes controversées
La question des rythmes scolaires reste sensible. En 2013, le ministre de l’Éducation de l’époque, Vincent Peillon, avait imposé sans concertation un retour à la semaine de 4,5 jours, déclenchant une levée de boucliers parmi les élus locaux, confrontés à des difficultés logistiques et budgétaires. Dès l’année suivante, la réforme avait été assouplie, puis largement remise en question en 2017, lorsque Jean-Michel Blanquer permit aux communes de revenir à la semaine de 4 jours.
L’épineuse question des vacances scolaires
L’autre point central de cette convention sera l’organisation des vacances, notamment d’été. Emmanuel Macron a à plusieurs reprises exprimé son souhait de les raccourcir, s’appuyant sur des comparaisons internationales. Pourtant, selon l’enquête Eurydice de la Commission européenne, la France n’est pas particulièrement généreuse en matière de vacances d’été (54 jours), loin derrière Malte (91 jours) ou l’Italie (95 jours).
Sur l’année complète, la France se situe au 7e rang européen avec 121 jours de congés scolaires. Le débat, cependant, ne se limite pas à une simple addition de jours : il pose la question de l’équilibre entre des journées d’enseignement souvent longues et des périodes de repos étendues.
Une réforme aux multiples implications
Toute modification du calendrier scolaire aurait des répercussions importantes, bien au-delà du cadre strictement éducatif. Les professionnels du tourisme, les entreprises de transport, les collectivités locales et bien sûr les familles seront tous impactés. Emmanuel Macron admet d’ailleurs que « de nombreux consensus » seront nécessaires.
Pourtant, fidèle au principe des conventions citoyennes, il choisit d’abord de donner la parole à un panel de citoyens tirés au sort. Ceux-ci devront formuler des recommandations à l’issue de la convention, prévue entre juin et la fin de l’année.
Un avenir incertain pour les préconisations
Reste à savoir quel sort sera réservé aux propositions qui émergeront. Les précédentes conventions citoyennes ont laissé un goût amer à certains participants. Celle sur le climat, organisée en 2020, avait abouti à 149 recommandations ; Emmanuel Macron s’était engagé à en reprendre 146, mais la loi « Climat et Résilience » n’en a intégré qu’une trentaine.
Plus récemment, la convention sur la fin de vie a influencé deux projets de loi actuellement débattus, relatifs aux soins palliatifs et à l’aide à mourir. Une avancée significative, mais encore à concrétiser.
Une consultation citoyenne aux enjeux lourds
La convention sur les temps de l’enfant touche un domaine sensible, qui engage non seulement la réussite scolaire mais aussi l’équilibre familial, la cohésion sociale et même l’économie. En choisissant une démarche participative, Emmanuel Macron espère sans doute désamorcer les tensions et favoriser un consensus. Reste à voir si les recommandations qui émergeront seront réellement suivies d’effets.