Le moustique-tigre, vecteur de maladies tropicales comme la dengue, le chikungunya ou le virus Zika, a désormais colonisé l’ensemble des huit départements de la région. L’Agence régionale de santé (ARS) tire la sonnette d’alarme : face à une progression rapide et une menace sanitaire croissante, la mobilisation de tous – citoyens, collectivités et professionnels – est plus que jamais nécessaire.
Une implantation régionale désormais totale
Présent en métropole depuis le début des années 2000, Aedes albopictus, plus connu sous le nom de moustique-tigre, a colonisé 81 départements français, dont la totalité de la Bourgogne-Franche-Comté. La progression est nette : de 124 communes infestées en 2023, la région est passée à 171 en 2024, selon les données de l’ARS.
Le moustique a été identifié :
- dès 2014 en Saône-et-Loire,
- en 2018 en Côte-d’Or et dans la Nièvre,
- en 2020 dans le Doubs et le Jura,
- en 2023 dans le Territoire de Belfort et l’Yonne,
- et, plus récemment, en 2024 en Haute-Saône.
Une menace sanitaire prise très au sérieux
Ce moustique, petit (moins d’un centimètre) mais redoutable, peut transmettre des virus graves. Contrairement à d’autres espèces, il pique en journée, plusieurs fois, et peut être particulièrement agressif. Sa dangerosité réside dans sa capacité à propager certaines maladies, à condition qu’il pique une personne porteuse du virus.
La situation est jugée préoccupante par les autorités sanitaires. En 2024, 62 cas importés de dengue, chikungunya ou Zika ont été recensés dans la région, dont un quart ont nécessité une hospitalisation. Ces signalements ont entraîné près de 50 enquêtes entomologiques, débouchant sur 7 traitements insecticides ciblés afin d’éviter la propagation locale des virus.
« La simple cohabitation entre un malade et un moustique peut suffire à déclencher une chaîne de transmission », souligne l’ARS.
Une surveillance active sur le terrain
Durant la période d’activité du moustique – du 1er mai au 30 novembre – un réseau de pièges-pondoirs est déployé dans les principales zones urbaines pour suivre sa progression. Lorsqu’un cas de maladie est déclaré, une enquête de terrain est systématiquement lancée afin d’évaluer le risque d’une transmission locale.
L’objectif est double : ralentir l’expansion de l’insecte et éviter l’émergence de cas autochtones, c’est-à-dire transmis localement, sans voyage préalable en zone tropicale.
Le rôle crucial des habitants dans la prévention
Le moustique-tigre se développe dans de petites quantités d’eau stagnante. Il est donc possible – et nécessaire – de limiter sa prolifération par des gestes simples, notamment autour des habitations :
- Vider chaque semaine les coupelles, gamelles, seaux, bâches…
- Couvrir hermétiquement les récupérateurs d’eau
- Ranger à l’abri de la pluie tout contenant
- Entretenir rigoles et gouttières
- Équilibrer les bassins avec des poissons qui mangent les larves
L’ARS insiste : la lutte passe avant tout par la prévention. « Avant de voler et de piquer, les moustiques grandissent dans l’eau. C’est là qu’il faut les arrêter. »
Voyageurs : attention au retour de zones à risque
Les personnes se rendant dans des zones tropicales – comme l’île de La Réunion, actuellement touchée par une épidémie de chikungunya – doivent se protéger contre les piqûres pendant le séjour et les trois semaines suivant leur retour, période durant laquelle le virus peut encore circuler dans le sang.
En cas de symptômes tels que fièvre, douleurs musculaires, articulaires, éruptions cutanées ou maux de tête, il est impératif de consulter rapidement. La déclaration du cas auprès de l’ARS est essentielle pour permettre l’activation rapide des mesures anti-vectorielles.
Professionnels de santé : penser aux arboviroses
L’ARS rappelle aux médecins et soignants que tout cas suspect de dengue, chikungunya ou Zika, même sans notion de voyage, doit être confirmé biologiquement et déclaré via les formulaires de déclaration obligatoire. La circulation autochtone de ces virus en France n’est plus une hypothèse mais une réalité observée.
Signaler un moustique-tigre : un geste citoyen
Pour aider à la cartographie et à la lutte, tout citoyen peut signaler un moustique suspect via la plateforme nationale :
https://signalement-moustique.anses.fr/signalement
Le moustique-tigre se reconnaît à son corps noir strié de blanc, une ligne blanche sur le thorax, et ses pattes zébrées.
Une mobilisation collective indispensable
« C’est la somme des mesures individuelles et collectives qui permettra de limiter la menace, » insiste l’ARS. La vigilance ne concerne pas uniquement les autorités sanitaires : collectivités, habitants, professionnels de santé, tous sont concernés.
Alors que les saisons 2023 et 2024 ont connu un nombre inédit de cas d’arboviroses en France, la Bourgogne-Franche-Comté redouble d’efforts pour ne pas devenir un nouveau foyer actif.