Un drame d’une rare violence a frappé le collège François Dolto à Nogent. Mélanie G., assistante d’éducation (AED), a été mortellement poignardée par un élève au sein même de l’établissement. Le choc est immense dans la communauté éducative. Plusieurs organisations syndicales dénoncent un climat scolaire détérioré et appellent à des mesures structurelles.
Le geste, brutal et incompréhensible, a plongé l’établissement dans la sidération. Selon les premiers éléments de l’enquête, l’agression a eu lieu en pleine journée, dans l’enceinte du collège. L’élève, interpellé immédiatement, aurait utilisé une arme blanche. Les circonstances précises restent à établir, mais l’émotion est immense, tant chez les collègues de la victime que dans l’ensemble du secteur éducatif.
Un hommage national et des rassemblements en préparation
Dans un communiqué commun, les syndicats FSU, UNSA Éducation, CFDT Éducation, CGT Educ’action, SNALC et SUD Éducation font part de leur « émotion, sidération et grande douleur » après l’assassinat de leur collègue. Ils adressent leurs condoléances à la famille de Mélanie G., ainsi que leur soutien aux équipes de l’établissement. Les syndicats appellent à la tenue de rassemblements partout en France pour lui rendre hommage.
« C’est toute une communauté qui est frappée en plein cœur », souligne un représentant local de la FSU. « Mélanie était une professionnelle engagée, appréciée de tous. »
Les AED en première ligne mais sous-estimés
Les syndicats rappellent le rôle essentiel des assistants d’éducation dans la vie quotidienne des établissements. « Ils jouent un rôle éducatif fondamental », insiste le communiqué. « Ils ne sont ni des surveillants armés, ni des vigiles. Ce drame montre les limites d’un système qui les expose sans leur donner les moyens de protéger ou de se protéger. »
Longtemps relégués au second plan dans les débats sur l’école, les AED sont aujourd’hui de nouveau au centre des discussions. Les organisations réclament une reconnaissance accrue de leur fonction, ainsi que de meilleures conditions de travail.
Climat scolaire et moyens humains : le cri d’alarme des syndicats
Au-delà de l’émotion, les syndicats tirent la sonnette d’alarme. Ils pointent une dégradation continue du climat scolaire, alimentée selon eux par le sous-investissement chronique dans l’Éducation nationale. « Le manque de personnels formés, de présence adulte dans les établissements, fragilise l’encadrement des élèves », expliquent-ils. « Cette situation devient intenable, alors même que la santé mentale des jeunes se détériore. »
Dans ce contexte, ils réitèrent une demande ancienne : la mise en place d’équipes pluridisciplinaires complètes dans chaque établissement, incluant personnels éducatifs, psychologues, infirmiers, CPE, assistants sociaux et AED en nombre suffisant.
Appel à un dialogue d’urgence avec le ministère
Les syndicats rejettent toute réponse symbolique ou sécuritaire, comme les portiques d’entrée évoqués après chaque drame. « Cela ne répond pas à la circulation des armes blanches ni aux tensions dans les établissements. »
Ils demandent la tenue en urgence d’une réunion multilatérale avec la ministre d’État, pour établir un plan d’action crédible. « Il est temps de traiter la question de la sécurité dans les établissements avec sérieux et respect. »
En attendant, une communauté est en deuil. Le visage de Mélanie G., assistante d’éducation discrète mais indispensable, incarne aujourd’hui le profond malaise d’un système éducatif en souffrance.
Communiqué de presse du 12 juin 2025 :
Émotion, sidération et douleur – assassinat de Mélanie G., assistante d’éducation Nos organisations, FSU, UNSA Éducation, CFDT Éducation Formation Recherches Publiques, CGT Educ’action, SNALC et SUD Éducation, tiennent à exprimer leur émotion, leur sidération et leur grande douleur après l’assassinat, par un élève, au couteau, de Mélanie G., assistante d’éducation (AED) au collège François Dolto (Nogent, en Haute Marne). Nous adressons toutes nos condoléances à sa famille, ses proches, ses amis et notre soutien aux collègues de cet établissement. Nous appelons les personnels de l’Éducation nationale à participer aux rassemblements organisés pour rendre hommage à notre collègue AED.
Nous tenons à rappeler que les personnels des vies scolaires, en particulier les AED, jouent un rôle essentiel dans le quotidien des établissements scolaires. Ils ont d’abord un rôle éducatif et ne doivent en aucun cas se transformer en « vigiles d’établissements ».
Face à ce drame, chacun devra se montrer à la hauteur. Nos organisations appellent toutes et tous à s’abstenir de toute instrumentalisation et à respecter le deuil d’une communauté éducative meurtrie car une nouvelle fois endeuillée par l’assassinat, dans l’exercice de ses fonctions, d’un personnel de l’Éducation nationale.
La question du climat scolaire et de la sécurité des écoles, des collèges, des lycées, des personnels et des élèves nécessite notamment, et en premier lieu, davantage de personnels formés et qualifiés. Le manque de moyens organisé par les gouvernements successifs en terme de personnels a dégradé les conditions d’encadrement et de prise en charge des élèves. Ce manque s’avère encore plus criant dans un contexte où la santé mentale des élèves se dégrade. A l’heure où les arbitrages budgétaires pour 2026 doivent être rendus, nous réaffirmons l’urgence et l’impératif d’avoir des équipes pluriprofessionnelles complètes dans chaque établissement afin de faire un travail éducatif et de prévention efficace.
La sécurité des personnels et des élèves est une question complexe mais indispensable à traiter afin que nos collègues et les élèves puissent travailler et étudier dans de bonnes conditions. Elle ne pourra se réduire à des gesticulations politico-médiatiques, comme à chaque drame, à l’instar de l’annonce, tant de fois répétée, de l’installation de portiques à l’entrée des établissements qui ne permettent en rien de faire face à la question de la circulation des armes blanches. Nous demandons à ce qu’une multilatérale, en présence de la ministre d’État, soit rapidement organisée afin d’étudier sérieusement et en profondeur les pistes pour améliorer le climat scolaire, la sécurité des établissements, des personnels et des élèves.