En septembre 2024, un incident préoccupant a eu lieu au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) Valduc. Par erreur, des boues radioactives ont été acheminées vers la station de traitement des eaux usées de Dijon-Longvic (STEU), provoquant une réaction en chaîne d’interrogations et de manque de transparence des autorités concernées. L’affaire a été révélée mi-janvier 2025 par Mediapart, mettant en lumière un retard dans la publication des conclusions officielles de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
Un incident discret mais inquiétant
Le 3 septembre 2024, un camion du CEA Valduc a transporté par erreur des eaux boueuses contenant du tritium, un isotope radioactif, vers la station d’épuration de Longvic. Ce transfert inopiné est intervenu dans le cadre de travaux de maintenance de la station du CEA Valduc. Rapidement informée de l’erreur, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a dépêché l’IRSN sur place pour évaluer les risques.
Dans un souci apparent de transparence, le CEA a convoqué la Commission Locale d’Information (CLI) dès le 3 octobre et a alerté l’ASN, qui a missionné l’IRSN pour des analyses approfondies. Le 6 novembre, l’IRSN a rendu ses conclusions : les échantillons analysés confirmaient bien la présence de tritium à un niveau de 500 Bq/L, conforme aux déclarations du CEA.
Une publication tardive qui interroge
Malgré ces analyses, un problème majeur subsiste : l’avis de l’IRSN n’a pas été publié immédiatement, contrairement aux règles du Code de l’environnement, qui imposent une publication dans un délai de quatre semaines. Ce n’est que le 15 janvier 2025, après les révélations de Mediapart, que cet avis a finalement été rendu public.
Interrogée par Le Bien Public, l’IRSN a tenté de justifier ce retard en invoquant des travaux techniques liés à la mise à jour de son site internet et à la connexion avec l’ASN. Pourtant, d’autres avis ont bien été publiés à temps pendant cette même période, ce qui soulève de sérieux doutes sur une possible tentative de dissimulation.
Un impact sanitaire limité mais un manque de transparence criant
Les analyses ont révélé que la contamination en tritium était très faible et sans risque sanitaire immédiat. L’IRSN a notamment vérifié l’exposition du chauffeur du camion, des travailleurs de la STEU et de la population avoisinante, concluant à un impact négligeable :
- Une dose d’exposition ne dépassant que quelques microsieverts.
- Une évaluation dosimétrique 100 fois inférieure à la limite annuelle d’exposition du public (1 mSv/an).
Si l’incident ne présente pas de danger immédiat, le véritable scandale réside dans la gestion opaque de l’information. Pourquoi cet avis a-t-il tardé à être publié ? Pourquoi les règles du Code de l’environnement n’ont-elles pas été respectées ?
Une confiance ébranlée
Le CEA Valduc a réagi en assurant que des mesures correctives seraient prises pour éviter qu’un tel incident ne se reproduise. « La maîtrise de son impact environnemental et sanitaire est une priorité du CEA Valduc », a déclaré l’institution.
Cependant, ces assurances peinent à convaincre. L’absence de transparence et les difficultés d’accès à l’information alimentent la méfiance des citoyens et des élus. L’incident de Longvic s’ajoute à une longue liste de dysfonctionnements dans la gestion des déchets radioactifs, renforçant la nécessité d’un contrôle indépendant et rigoureux.
Une affaire à suivre
Alors que des questions cruciales restent sans réponse, les élus locaux et les associations de défense de l’environnement demandent des explications claires sur les raisons du retard de publication et sur les potentielles lacunes de surveillance des transferts de déchets radioactifs.
Les citoyens ont le droit à une information transparente et à des garanties réelles sur la sûreté nucléaire. L’affaire des boues radioactives de Longvic rappelle que la confiance envers les institutions se mérite et se construit par la clarté et la responsabilité.