La campagne pour les élections européennes du 9 juin prend une autre dimension avec la révélation du programme par la tête de liste PS-Place publique, Raphaël Glucksmann. Mercredi dernier, dans un discours au ton martial, Glucksmann a présenté un projet ambitieux visant à transformer l’Europe en une puissance mondiale, dotée de souveraineté, respectueuse de l’environnement, socialement juste et démocratique d’ici à 2030.
Le programme, composé de 338 mesures, met en avant des termes tels que « puissance », « sécurité », « défense » et « menaces » à de nombreuses reprises. Pour Glucksmann et son équipe, le principal objectif est la protection de l’Europe contre les multiples dangers qui la menacent.
Il insiste sur la nécessité pour l’Europe de se libérer de sa dépendance à l’égard de la sécurité américaine, du pétrole du Golfe et des produits chinois. Pour y parvenir, il propose un réarmement de l’Europe, soutenu par un fonds de 100 milliards d’euros financé par un emprunt commun, ainsi que la fourniture d’armes à l’Ukraine et la mise en place de mesures de défense contre les ingérences étrangères.
Mais Glucksmann ne se limite pas à la sécurité et à la défense. Il mise également sur le « made in Europe » et le protectionnisme pour renforcer l’indépendance économique du continent. En rapatriant la production dans des secteurs stratégiques et en introduisant un « Buy European Act », il souhaite promouvoir des politiques industrielles et numériques offensives.
Cependant, pour Glucksmann, la puissance européenne doit être également écologique. Son programme propose un investissement massif de 900 milliards d’euros sur 10 ans dans le réseau électrique européen pour réduire la dépendance aux combustibles fossiles.
La sécurité, l’écologie et la justice sociale sont indissociables pour la liste PS-PP. Glucksmann propose un plan Marshall d’investissements dans le logement social et s’engage à lutter contre le sans-abrisme. De plus, son programme intègre des mesures féministes, telles que la « close de l’Européenne la plus favorisée » pour une harmonisation des droits des femmes à travers les pays européens.
Sur le plan financier, Glucksmann propose une taxation des plus hauts patrimoines, des superprofits et des multinationales qui ne paient pas leurs impôts en Europe, afin de financer les ambitions de son programme.
Les similitudes entre le « protectionnisme écologique » de Glucksmann et les propositions des écologistes sont évidentes, mais selon les socialistes, la différence réside dans la question du nucléaire, où ils se montrent plus réalistes.
Malgré les critiques et les railleries de ses concurrents de gauche sur l’incohérence de son programme avec les positions traditionnelles de la social-démocratie européenne, Glucksmann défend une redéfinition nécessaire de cette idéologie, mariant la social-démocratie avec les préoccupations de l’écologie politique.
Le programme de Raphaël Glucksmann offre une vision ambitieuse et novatrice pour l’avenir de l’Europe, combinant sécurité, écologie, et justice sociale dans une démarche de souveraineté et d’indépendance. Que ce projet puisse redéfinir le paysage politique européen dans les décennies à venir reste à voir, mais une chose est sûre : il promet d’animer les débats électoraux à venir.