Emmanuel Macron n’en est plus à un paradoxe près. Mercredi 11 septembre, lors de la cérémonie de rentrée du Conseil d’État, il a fait une déclaration qui ne manquera pas de susciter des réactions enflammées : “Le peuple aujourd’hui souverain s’exprime par le suffrage qu’il faut toujours prendre en compte“, (à 24m25s dans la vidéo X ci-dessous). La phrase est claire, limpide, mais l’ironie n’est pas loin. Alors que le Nouveau Front populaire (NFP) dénonce une « élection volée », suite à la nomination controversée du Premier ministre de droite, Michel Barnier, malgré la victoire de la gauche au deuxième tour du scrutin du 7 juillet, ces mots sonnent comme un écho assourdissant à une démocratie bafouée.
Comment un président qui vient de piétiner la volonté exprimée par une majorité de citoyens peut-il, sans sourciller, affirmer qu’il faut “toujours prendre en compte” le suffrage ? Le mépris du peuple n’a jamais été aussi manifeste. Alors que des milliers de Français expriment depuis des mois leur frustration face à des décisions jugées autoritaires et déconnectées, le président semble jouer la carte de la provocation, déguisée sous le vernis du respect démocratique.
Des démocraties “malmenées”, vraiment ?
Macron a également évoqué dans son discours les “transitions et les chocs” qui, selon lui, déstabilisent nos démocraties occidentales. Il parle de crises climatiques, énergétiques, géopolitiques. Mais qui a vraiment malmené la démocratie française ces dernières années ? Ce ne sont pas les crises externes, mais bien un pouvoir qui, élection après élection, piétine la volonté du peuple pour servir ses propres intérêts.
Le sentiment de “perdre le contrôle de leur vie” que Macron attribue aux citoyens est en fait le résultat direct de sa politique. Comment les Français pourraient-ils se sentir autrement quand leur vote est ignoré, quand leurs attentes sont trahies, quand leurs voix sont étouffées par des décisions prises dans les salons feutrés de l’Élysée, loin des réalités du terrain ?
La fausse promesse d’une “efficacité publique”
Et comme si cela ne suffisait pas, Macron a osé appeler à une « culture renforcée de l’efficacité de l’action publique ». Ce terme d'”efficacité” est devenu l’alibi parfait pour justifier toutes les dérives. Derrière cette promesse se cache une administration centralisée, où l’avis du peuple n’a plus sa place. Simplifier l’action publique ? Cela revient, sous Macron, à simplifier la démocratie en l’effaçant. À force de vouloir tout contrôler, tout rationaliser, il étouffe le débat, tue l’expression démocratique et s’éloigne encore un peu plus du peuple.
Barnier : le coup de grâce à la démocratie représentative
La nomination de Michel Barnier ne doit pas être vue comme un simple choix politique. Elle est le symbole d’une démocratie qui vacille sous le poids d’un président qui se prend pour le seul maître à bord. Barnier, homme de droite imposé à un pays qui avait choisi la gauche, incarne cette rupture totale entre Macron et les réalités du suffrage. C’est le coup de grâce à l’idée même de démocratie représentative.
Alors oui, cette petite phrase de Macron, loin d’être une maladresse, est en réalité le reflet fidèle de sa gouvernance : celle d’un homme qui parle beaucoup de démocratie, mais qui agit toujours à l’encontre de ses principes. Les citoyens français, eux, sont laissés sur le banc de touche, spectateurs impuissants d’un spectacle politique qui ne les concerne plus. Le suffrage ? Un simple mot dans la bouche d’un président qui a depuis longtemps choisi de le mépriser.