Une trentaine de personnes, dont des membres de la CGT Côte-d’Or, se sont réunies ce mardi 24 juin à Dijon-Valmy, devant le siège de la Caisse d’Épargne Bourgogne Franche-Comté (CEBFC), à l’appel du syndicat SUD Solidaires BPCE. En cause : une procédure de licenciement visant une déléguée syndicale, que le syndicat considère comme une attaque ciblée.
L’affaire remonte à 2023. Une représentante SUD de la CEBFC, de retour d’un congé maternité, est déclarée inapte à son poste par la médecine du travail. Celle-ci recommande son reclassement sur un poste administratif — parmi les plus de 500 existants au siège de Dijon-Valmy. Mais selon le syndicat, la direction ne propose aucune alternative et engage une procédure de licenciement pour inaptitude.
Dans une interview accordée le 23 juin 2025, Vincent Nardin, représentant SUD Solidaires BPCE, dénonce une gestion méprisante du dossier : « Depuis le début, la direction fait preuve de mépris et d’une certaine mauvaise foi […] Pascaline a pris l’initiative de contacter la DRH dès juillet 2023. Cette dernière n’a pas saisi cette opportunité, ne répondant pas aux sollicitations. »
Il poursuit : « Le reclassement pouvait se faire, comme cela se fait tout au long de l’année. […] Le cadre légal impose à l’employeur de tout faire pour maintenir un salarié dans l’emploi. »
Selon SUD, l’inspection du travail a refusé le licenciement, pointant des irrégularités de procédure. « L’inspection du travail n’a pas étudié le fond du dossier, puisqu’elle l’a rejeté sur la forme », souligne Vincent Nardin. Un refus confirmé par le ministère du Travail, mais aujourd’hui contesté par la CEBFC devant le tribunal administratif — une décision rare selon les avocats du syndicat.
Alain Quesne : « Ils veulent aller jusqu’au bout«
Présent sur place, Alain Quesne, membre du bureau national de SUD Solidaires BPCE, dénonce une volonté de museler un syndicat combatif. « On a prévu une action aujourd’hui parce qu’on a une de nos camarades, Pascaline, qui est sous l’effet d’une procédure de licenciement. Elle était en congé maternité et, lorsqu’elle est revenue, elle ne pouvait plus tenir le poste qu’elle avait auparavant. On a demandé qu’elle soit reclassée au siège. La direction a refusé. »
Il détaille la chronologie : « Le CSE a rendu un avis défavorable. L’inspection du travail aussi. Le ministre du Travail a mis également un avis défavorable. Mais le président, M. Ballet, s’assoit dessus. C’est extrêmement rare de voir une direction qui n’écoute pas l’avis du ministre. »
Pour Alain Quesne, cette situation s’inscrit dans un contexte plus large de pressions contre les syndicats revendicatifs : « Nous, on dénonce les mauvaises conditions de travail, les fermetures d’agences, les négociations annuelles obligatoires où on négocie rien du tout. Et ça, ça déplaît à la direction. […] Ils veulent surtout des syndicats d’accompagnement, ceux qui ne disent rien. »
Il ajoute : « La section SUD a pris du poids aux dernières élections. Ils ont peur que notre syndicat devienne le premier de la branche Caisse d’Épargne. C’est pour ça qu’ils veulent taper fort. »
Conditions de travail : « Les salariés ne se projettent plus »
Interrogé sur le climat au sein de l’entreprise, Alain Quesne est sans appel : « Il suffit de se référer au bilan social : il y a de plus en plus de turnover. Chez nous, à la caisse d’épargne Loire-Centre, c’est environ 200 départs par an sur 1 650 salariés. C’est énorme. »
Il évoque une dégradation généralisée des conditions de travail : « Mauvaises conditions, manque d’effectifs, fermeture d’agences. Les salariés doivent prévoir huit jours à l’avance quels clients ils vont voir. Ils doivent vendre des produits à l’avance. Ils n’en peuvent plus. Ils ne tiendront pas jusqu’à la retraite dans ces conditions-là. »

« Moi, j’ai 40 ans de Caisse d’Épargne. On n’a pas connu ça. Il y avait moins de compétition, plus de respect. Aujourd’hui, c’est la mise en concurrence permanente entre salariés. »
« Si vous voulez un vrai syndicat, il faut aller à SUD »
Pour finir, Alain Quesne adresse un message aux salariés : « Soit on est d’accord avec notre forme de syndicalisme — un syndicalisme de lutte, qui dit les choses, qui est prêt à aller à la grève. Soit on va voir les réformistes, qui ne sont là que pour accompagner la politique économique de l’entreprise. »
Et de conclure : « La direction prévoit de donner un minimum. Elle essaie d’enrober ça dans des accords locaux et de trouver des signataires pour dire “regardez, il y a un dialogue social”. Mais c’est ce qu’ils auraient donné de toute façon. Si vous voulez être défendus, il faut aller à SUD. »
Dijon Actualités a tenté de prendre contact avec la direction. À l’accueil, nous avons proposé un contradictoire, chose qui nous sera refusée : « Aucun commentaire à faire », nous dira la personne qui nous a ouvert la porte.





